Mon cher gilbert ,

Suite à l'intervention particulièrement judicieuse d'un auditeur ( jérémie ) mardi soir , je me permet à mon tour d'émettre certaines critiques quant à l'évolution éditoriale de l'after foot , mais plus encore quant aux choix des intervenants depuis 3 ans ... En effet , cette mutation ( il serait plus approprié d'évoquer une régression) est sensiblement perceptible , et comme l'a parfaitement résumé l'auditeur , elle formate l'émission d'une manière qui désagrège à peu près tout ce qui a fait sa force et sa particularité .

J'écoute l'after depuis ses débuts , un soir d'élimination lyonnaise face au milan , et c'est rapidement devenu à mes yeux LE rendez-vous incontournable du passionné de foot que je suis . Le ton décalé , la pertinence des propos , le traitement de l'objet foot sous un angle socio-culturel , tout cela m'avait profondément séduit et initiait à mon sens une tendance qui allait à n'en point douter combler le vide abyssal dont souffrait la culture foot dans ce pays .

Par le passé , daniel a régulièrement évoqué l'after comme étant le "masque et la plume" de la chose footballistique , et même si je trouvais cela un poil présomptueux, la teneur des échanges , confortée par la présence d'intervenants (endogènes/exogènes) de qualité , a très souvent tutoyé l'excellence , flirtant même avec une aspiration élitiste assumée qui , à titre personnel , me comblait . 

Que reste-t'il de cet esprit aujourd'hui ? ... à vrai dire , pas grand chose .

Le virage stratégique opéré il y'a quelques années par les décideurs de RMC , consistant à mettre à l'antenne un maximum d'ex joueurs pros , dont la pensée agitée et le niveau de verbalisation médiocre promettaient une plus grande proximité ( comprendre audience ) avec des auditeurs de plus en plus jeunes , de moins en moins structurés , biberonnés à la "culture clash" des réseaux sociaux , a totalement corrompu la quête de sens promise pendant presque 2 lustres .

Au fil des saisons , Des professionnels compétents tels que Jean françois perez ou florent gautreau ont laissé la place à des rothen et à des obraniak ... pourquoi ? difficile à dire , mais cela a eu pour conséquence de rendre incongrue toute invitation de sociologue ou d'historien du sport afin d'éviter le ridicule d'une part , et de probables traumatismes aux egos de nos deux sherpas . Quant à daniel riolo , on ne dira jamais assez à quel point le départ de florent , véritable pilier de l'émission et garant d'une tenue élégante et nuancée des débats l'a abîmé . Il semble perdu dans sa rhétorique mi-ethiniciste mi-complotiste , ânonnant mécaniquement des théories fumeuses mille fois servies , autrefois déroutantes et féroces , mais désormais affligeantes de banalité . La présence toxique de jérome rothen à ses cotés n'arrangeant évidemment pas les choses , il sombre , à l'image de son acolyte , dans une forme d'aigreur vengeresse qui le pousse régulièrement à toucher le fond en débinant du haut de son tabouret quelques monuments du football français . 

Inexorablement , la pensée a fait place aux ricanements , la pertinence s'est évaporé au bénéfice du dénigrement compulsif , et le tout est accompagné par les fanfaronnades redondantes et grotesques d'un ex joueur de seconde zone , profondément pathétique sur le fond et la forme , et dont la contribution objective se limite à instaurer une atmosphère de cour d'école exclusivement dévouée aux cancres .

je n'ignore évidemment pas le caractère subjectif de ma critique , et suis conscient du fait que ces "ajustements" drainent un public conséquent , mais il me semble important de te signifier la désapprobation d'un autre public , celui des débuts , celui de la promesse , celui auquel l'emission ne s'adresse visiblement plus .

Tout cela est très triste , mais s'inscrit évidemment dans une politique globale dont tu n'es probablement pas l'instigateur , et qui sacrifie lentement mais sûrement le sens , la complexité , la nuance , à la seule logique marchande et au panurgisme de masse qui en découle .

Désolé d'avoir été aussi dur mon cher gilbert , mais ma déception sur ce qu'est devenu l'after est profonde . 

Cordialement .

 PS : pierre ducrocq , de par son analyse souvent articulée , de par la cohérence des lignes qu'il défend et l'honnêteté qui s'en dégage , est probablement le contre exemple parfait de ce que je critique ... mais le contre exemple n'a jamais fait la règle .